LES INSTRUMENTS ASTRONOMIQUES

Quelques conseils de base


Utiliser votre instrument : notions de base

Quel que soit l'instrument devant lequel vous vous trouvez, vous devez absolument effectuer un certain nombre de réglages avant votre première observation. Je pars du principe que vous avez correctement assemblé votre lunette ou votre télescope sur sa monture en suivant pas à pas les indications données dans le livret qui accompagne tout instrument du commerce ; s'il s'agit d'un instrument construit par un amateur, son concepteur a également dû vous indiquer comment l'assembler.

Je ne reviendrai pas non plus sur les procédures d'alignement des optiques des télescopes (les lentilles des objectifs des lunettes ne se dérèglent pour ainsi dire jamais), qui sont elles aussi détaillées dans les modes d'emploi et dans la bonne littérature, mais il faut souligner leur importance, notamment pour les Newton, qui ont une fâcheuse tendance à se dérégler lorsqu'on les déplace. La qualité et la finesse des images que vous observerez dépendent pour une grande part du bon alignement des miroirs de votre télescope.

 

Régler le chercheur

Le champ d'une lunette ou d'un télescope, c'est-à-dire la portion de voûte céleste visible dans l'oculaire, est bien trop petit pour qu'il soit possible de viser directement un astre dans le ciel comme avec des jumelles. Certains observateurs expérimentés arrivent à pointer la Lune ou les planètes les plus éclatantes directement à l'oculaire, mais laissons de côté ces exceptions. Pour diriger votre instrument vers l'astre que vous désirez observer, le plus simple est encore d'utiliser le chercheur, la petite lunette fixée sur le tube optique. Le grossissement et le champ couvert sur le ciel par un chercheur peuvent être comparés à ceux des petites jumelles, soit environ 6 à 8 fois pour 4° à 6°. Lorsque l'on sait se repérer aux jumelles, il est donc relativement aisé de diriger son instrument au chercheur.

Il y a deux contraintes toutefois : l'image visible dans le chercheur est inversée par rapport à celle vue à l'œil nu, et l'axe optique du chercheur doit être impérativement parallèle à celui de l'instrument. Si l'on s'habitue assez vite à l'inversion des images, il est en revanche très difficile de pointer un astre faible avec un chercheur complètement désaxé.

L'alignement du chercheur de votre instrument est donc la première chose à faire. Vous pouvez réaliser cette petite manipulation en plein jour. Choisissez un endroit bien dégagé d'où vous pourrez voir un horizon lointain avec quelques repères caractéristiques, comme une antenne, un arbre, un clocher ou un poteau électrique. Vous n'avez pas besoin de vous installer sur votre site d'observation ; une fois le chercheur réglé et bien bloqué, vous pourrez déplacer votre instrument sans crainte. Placez l'oculaire donnant le grossissement le plus faible dans le porte oculaire et dirigez le tube de l'instrument vers le repère le plus lointain possible en visant comme avec un fusil. Faites la mise au point et placez une partie aisément reconnaissable de votre repère exactement au centre du champ. Bloquez alors tous les mouvements de votre monture pour que le tube ne risque pas de se dépointer si vous le heurtez légèrement en manipulant le chercheur qui, par définition, est toujours mal placé, surtout sur les Newton !

Maintenant, regardez dans le chercheur. Si votre repère est exactement au centre, derrière le réticule - les 2 fils qui se croisent au centre du chercheur -, c'est parfait, vous n'avez rien de plus à faire. Si tel n'est pas le cas, vous devez agir sur les 3 ou 6 petites vis moletées qui maintiennent le tube du chercheur afin de modifier légèrement son orientation. Un conseil pour gagner du temps : plutôt que de tâtonner en tournant peu à peu une vis puis une autre, tenez le chercheur fermement d'une main et desserrez toutes les vis. Orientez alors le chercheur dans la bonne direction en le coinçant avec les doigts dans son support, et resserrez lentement les vis. Lorsqu'elles sont toutes au contact du tube et que le chercheur tient tout seul, lâchez-le pour vérifier dans l'oculaire que l'instrument est toujours bien orienté. Serrez fermement les vis tout en maintenant précautionneusement le repère sous le réticule. Vous pouvez fignoler cet alignement en le reprenant avec un oculaire donnant un grossissement plus fort.

Le soir venu, dirigez votre instrument vers une étoile très brillante en la plaçant derrière le réticule du chercheur et regardez dans l'oculaire donnant le plus faible grossissement. Deux cas de figure se présentent alors : soit l'étoile que vous avez visée est exactement au centre du champ ou juste à côté et vous pouvez vous lancer sans attendre à la découverte du vaste ciel ; soit elle ne se trouve pas dans le champ... et les ennuis commencent ! L'alignement d'un chercheur sur les étoiles est en effet une affaire délicate, surtout si votre monture n'est pas motorisée. Comme notre bonne vieille Terre tourne sans arrêt sur elle-même, lorsque vous aurez fini de centrer votre repère stellaire dans le chercheur, vous vous apercevrez probablement qu'il n'est plus du tout au centre de l'instrument... Il vous faudra donc travailler vite et bien, ce qui n'est pas toujours évident lorsque l'on débute. Ne vous lancez dans une telle manipulation que si votre chercheur est vraiment complètement désaxé ; sinon, centrez une étoile dans l'instrument, regardez où elle se trouve par rapport au réticule du chercheur, et tenez compte de ce décalage lors de vos recherches ultérieures...

 

Équilibrer le tube optique

Une fois votre chercheur aligné, consacrez quelques minutes à l'équilibrage du tube optique, en prenant soin de mettre un oculaire et d'ôter le couvercle pour être dans les conditions d'observation. Un instrument bien équilibré est un instrument qui reste dans la position où on le laisse, même lorsque les freins des axes de la monture sont desserrés. Un petit truc consiste à ne pas desserrer complètement ces freins, afin que leur légère friction sur les deux axes maintienne l'instrument en place même si l'équilibrage n'est pas absolument parfait. Si vous changez d'oculaire pendant vos observations, notamment si vous utilisez un oculaire à très grand champ, généralement beaucoup plus massif que les oculaires traditionnels, ou si vous installez un boîtier photographique sur le tube, il faut impérativement le rééquilibrer.

L'équilibrage d'une monture azimutale est rapide puisqu'il suffit de déplacer le tube vers l'avant ou vers l'arrière dans les colliers qui le relient à la monture, de telle sorte qu'il ne bascule pas brutalement si vous le lâchez sans serrer le frein de l'axe de hauteur. Le réglage est un peu plus délicat avec une monture équatoriale allemande. Commencez par équilibrer le tube dans ses colliers, puis équilibrez l'instrument par rapport à l'axe Alpha (ascension droite) en rapprochant ou en éloignant le contrepoids fixé sur la tige qui prolonge l'axe Delta (déclinaison). Les instruments installés sur monture azimutale de type Dobson ou sur une équatoriale à fourche ou en fer à cheval sont équilibrés par construction ; il faut toutefois ajouter des petits contrepoids à l'avant ou à l'arrière du tube en fonction des accessoires qui y sont accrochés.

 

Orienter sommairement une monture équatoriale

La mise en station d'une monture équatoriale consiste à rendre son axe polaire - appelé aussi axe Alpha ou axe d'ascension droite - parallèle à l'axe de rotation de la Terre. Pour cela, il faut d'abord poser l'instrument sur un sol bien plan, puis incliner l'axe polaire d'une valeur égale à la latitude de votre lieu d'observation, et le faire pivoter vers le nord. Vous déterminerez sans peine votre latitude par extrapolation à partir d'une carte au 25 000e, et plus facilement encore avec un GPS ou en vous connectant sur un site Internet comme IGN ou Heavens-above. Quant au nord, n'importe quelle boussole vous l'indiquera avec une assez bonne précision.

La nuit venue, vous pourrez terminer votre mise en station sommaire en utilisant l'étoile Polaire puisque celle-ci est juste à côté - moins d'un degré - du pôle Nord céleste. Il suffit donc de pointer l'axe polaire vers l'étoile du même nom pour mettre en station sommairement un instrument. Pour l'observation à l'œil nu, c'est suffisant. Si l'axe polaire de votre monture est équipé d'un petit viseur possédant un réticule gravé indiquant la position du pôle Nord céleste par rapport à l'étoile Polaire, votre mise en station approchée sera encore plus précise. Mais si vous désirez photographier ou imager des objets du ciel profond, vous devrez réaliser une mise en station rigoureuse.

Il serait trop long de présenter ici les méthodes existantes pour orienter pas à pas l'axe polaire d'une monture équatoriale (méthode de Bigourdan ou de King), mais vous les découvrirez dans les différents manuels ou sur de nombreux sites Internet francophones ; consultez notamment l'excellente synthèse de Serge Bertorello sur le site de l'Association marseillaise d'astronomie.

 




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