Douceur de l’aube. Le 13 décembre 2020, près de trente-cinq heures avant d’aller cacher le disque solaire en Patagonie, la Lune flotte au-dessus de l’étang de l’Or. Au ras de l’horizon, la lueur orangée de la lumière cendrée creuse un couloir rouillé dans l’eau à peine fripée par la nuit ; le vieux croissant se prépare à occulter l’étoile Graffias du Scorpion qui brille juste en dessous. Encouragée par les étoiles de la Balance, Vénus étincelle et disperse généreusement son éclat sur l’étang. Le halo de pollution lumineuse engendré par La Grande-Motte est lentement gommé par la palette ocrée de l’aube qui s’affirme. Technique : boîtier Nikon D700, objectif Nikon 180 mm F2.8 diaphragmé à 4,5, 2 s de pose à 1 000 ISO ; mosaïque de 6 images.
© Guillaume Cannat

SOUVENIRS D’UNE CONJONCTION MATINALE

C’était le premier jour de beau temps depuis longtemps par chez moi et, justement, le croissant lunaire avait rendez-vous avec Vénus dans le ciel de l’aube. Traçant un cercle de 20 kilomètres de rayon centré sur ma soucoupe, j’ai vu que l’étang de l’Or était dans ma limite légale de déplacement, alors j’ai rempli mon attestation dérogatoire n° 2020-1310 bis joliment tamponnée en cochant résolument la case « déplacement en plein air, de moins de trois heures, lié aux loisirs individuels » et j’ai enfourché mon fidèle destrier pour filer jusqu’à sa rive avant l’orée de l’aube. L’étang était un véritable miroir, à peine troublé par les divagations d’une barque de pêcheurs et de quelques volatils. La pollution lumineuse était forte, elle l’est toujours sur ce site, notamment à cause de la proximité de Montpellier et des stations balnéaires dispersées sur le cordon littoral – Palavas-les-Flots, Carnon, La Grande-Motte –, mais ce n’est pas gênant pour ce type de rencontres célestes car les couleurs de l’aube prennent rapidement le dessus et magnifient le paysage. Alors que j’étais affairé à observer et à photographier silencieusement cette belle réunion, j’ai entendu des pas derrière-moi et je me suis retourné vivement pour avoir la surprise, et le plaisir, de découvrir le visage d’un ami qui venait photographier les oiseaux : une rencontre bien plus sympathique que celle de janvier 2018 !

Je vous propose de suivre l’évolution de l’ambiance lumineuse au fil de l’aube avec cette sélection d’images prises toutes les dix minutes environ, de la fin de la nuit à moins d’une demi-heure avant le lever du Soleil. Voyez comment l’aube nettoie joyeusement la salissure de la pollution lumineuse ; le nom de l’étang s’impose comme une évidence lorsque l’or du ciel s’y déverse.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2, 4 s à 800 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2, 4 s à 800 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2, 4 s à 800 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 1,6 s à 800 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 1 s à 800 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 0,6 s à 200 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 0,1 s à 200 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 1/40 s à 200 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 1/80 s à 200 ISO.

Technique : boîtier Sony A7III, objectif Sony 24 mm F1.4 diaphragmé à 2.8, 1/80 s à 200 ISO.

LE CIEL À L’ŒIL NU EN 2021
CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2021

Le Ciel à l’œil nu est disponible chez votre libraire et en ligne et je vous propose de lire son introduction et une sélection de pages de la nouvelle édition :

« « Tout près du cimetière nous étendîmes nos sacs de couchage et nous nous mîmes à fumer et à écouter le silence, le murmure tellurique de millions de pierres qui, réchauffées par le soleil, éclatent imperceptiblement sous la violence du changement de température. Je me rappelle que je m’endormis fatigué d’observer les milliers d’étoiles qui illuminaient la nuit du désert, et qu’à l’aube du 31 mars mon ami me secoua pour me réveiller. »
LUIS SEPÚLVEDA, Ls roses d'Atacama (Métaillié, 2012)

Mon ciel n’est pas exactement le vôtre, chacun de mes regards se nourrissant des milliers d’heures que je lui ai consacrées et des fragments de connaissances glanées au fil des ans, et si je ne peux suivre tous les méandres de vos pensées lorsque vous arpentez votre ciel, nous nous enrichissons mutuellement de nos échanges et notre soif de savoir et de merveilleux s’en porte mieux.
J’écris ce livre chaque année pour vous permettre de vivre et de partager des moments comme celui que j’évoque ci-dessous, alors je vous souhaite sincèrement de nombreuses et très belles émotions astronomiques !

La neige a peint la nuit de silence
Les étoiles palpitent sans bruit
Froissements d’étoffes
Tam-tam dans mes veines
L’air vif embue mes yeux
Si je marche
Le monde crisse délicieusement
Rompt l’harmonie des astres
Alors je chemine immobile
Planté dans le sol
Comme un bloc de granit arrondi par l’âge
Et jamais je ne me lasse de contempler
Le ruissellement lumineux d’Orion

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CALENDRIER ASTRONOMIQUE 2021

Le Calendrier Astronomique 2021 est également disponible sur les tables des libraires.
Cette septième édition présente 12 nouvelles superbes images du ciel et de la Terre et permet de ne rater aucun des très beaux phénomènes astronomiques au programme en 2021.

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Merci de continuer à soutenir mon travail en cette période toujours aussi perturbante/bée !

Si vous ne connaissez pas encore mon Calendrier astronomique, découvrez-le et profitez toute l’année de son très grand format – 35 x 58 cm ouvert – pour garder un œil sur le ciel et les phénomènes célestes à venir. J’ai proposé à plusieurs des meilleurs astrophotographes français de paysages nocturnes de participer à cette édition et c’est l’occasion pour vous de découvrir le superbe travail de Philippe Jacquot, de Jean-François Graffand, d’Adrien Mauduit et de Maxime Oudoux. J’ai également intégré la remarquable carte de la pollution lumineuse réalisée par Frédéric Tapissier, qui vous permettra de choisir vos prochains sites d’observation, sur laquelle j’ai tracé les limites des trois Réserves internationales de ciel étoilé que compte à présent la France.