
Le jeune croissant lunaire avec une lumière cendrée à peine perceptible se couche sur l’échine d’Aze, flanc sud-ouest du mont Lozère.
© Guillaume Cannat
LUMIÈRES SUR LE MONT LOZÈRE DU CRÉPUSCULE À L’AUBE
La nuit s’était déployée dans un flamboiement crépusculaire d’une telle intensité que la scène semblait irréelle, exagérée, retouchée par un graphiste trop enthousiaste. La rondeur des puechs des Bondons se découpait sur cette toile hollywoodienne et, en contrebas, les lumières de Florac faisaient luire le fronton ouvragé du causse Méjean. L’aboiement régulier d’un chien montait d’une vallée voisine, me rappelant l’existence de ce monde déjà calfeutré à l’approche de la nuit. J’avais vu par deux fois la silhouette sombre d’une hulotte passer devant Jupiter alors que je peaufinais la mise au point de mes appareils ; je suppose qu’elle s’interrogeait sur ma présence et vérifiait que je ne troublerais pas sa chasse. Prenant le relais du crépuscule affadi, la clarté d’un jeune croissant lunaire faisait naître un relief discret sous la voûte immense que les étoiles envahissaient en scintillant joyeusement. À l’ouest, la Voie lactée tourbillonnait du Cygne à Cassiopée comme un discret panache vaporeux relâché par un volcan insouciant. J’étais un trait d’union, une passerelle tendue entre ce ciel constellé de soleils lointains et les éclats artificiels blottis dans les replis du paysage : je plongeai mon regard dans les étoiles comme on se perd dans la contemplation d’un feu et j’absorbai la beauté de la nuit pour la transmettre à celles et à ceux qui s’en étaient éloignés.
Une fois la Lune couchée, le ciel devint d’une transparence prodigieuse, révélant plus d’étoiles que mes yeux n’en pouvaient saisir, et cette profusion juste au-delà de ma perception enrichissait le tissage de la toile céleste, lui conférant une main et un soyeux incomparables qui la rendaient plus présente, plus familière. Transporté des heures durant par la splendeur de cette immense nuit hivernale, je m’endormis lorsque Orion domina l’ouest et me réveillai à l’aube face à une nouvelle parade de couleurs. L’horizon oriental était nimbé d’une lueur pourpre qui céda doucement sa place à une palette baroque où se côtoyaient l’azur, l’émeraude et toutes les nuances du rouge à l’or. Déjà caressées par les rayons du Soleil levant, les courbes alanguies du mont Aigoual chatoyaient loin au sud derrière le voile de vapeur qui s’échappait de la tasse de thé que je venais de préparer. Je rangeai mon matériel photographique en contemplant la blancheur nacrée du causse Méjean enneigé et je pris la route du retour. Les vallées que je traversais, longtemps négligées par le Soleil, étaient enrobées d’un épais glaçage de givre qui donnait au paysage des allures de conte de fées. L’haleine matinale des foyers s’étalaient en strates ondulantes le long du Tarn et je plongeai résolument sous cette vague aux reflets bleutés pour rejoindre la plaine encore lointaine.

Les lueurs crépusculaires virent au pourpre et les étoiles envahissent la nuit naissante au-dessus des Puechs des Bondons.
© Guillaume Cannat

L’arche galactique, du Grand Chien au sud à Cassiopée au nord, se déploie comme une vague écumeuse au-dessus des Puechs des Bondons, et, à l’horizon, quelques cirrus amplifient les halos de pollution lumineuse de villes lointaines. Technique : boîtier Sony A7III défiltré avec un objectif Sony GM de 24 mm diaphragmé à 2 ; panorama de huit champs, pose de 120 secondes par champ (20 fois 6 secondes sans entraînement) à 8 000 ISO.
© Guillaume Cannat

Quelques minutes avant le lever du Soleil, les Puechs des Bondons se découpent devant l’ombre de la Terre surmontée par la lueur rosée de la ceinture de Vénus.
© Guillaume Cannat
LE GUIDE DU CIEL 2025-2026
Voici la couverture de la 31e édition du Guide du Ciel.
Cette édition prend forme jour après jour et paraîtra en mai prochain. Si vous avez déjà commandé un ouvrage ces dernières années sur le site d’amds vous avez normalement déjà reçu par courrier une offre de souscription pour cette nouvelle édition, sinon vous pouvez participer en ligne à la souscription pour découvrir ou redécouvrir la richesse du contenu de ce guide annuel pratique, le plus complet pour préparer vos observations des astres. Vous le recevrez ainsi dès sa parution dans des conditions avantageuses et vous m’aiderez à poursuivre cette aventure éditoriale alors que l’augmentation des coûts de fabrication et de diffusion rendent chaque année plus complexe la réalisation de cet ouvrage.

LES PLUS BEAUX RENDEZ-VOUS AVEC LE SOLEIL, LA LUNE ET LES PLANÈTES...

Depuis que j’ai créé le blog Autour du Ciel sur lemonde.fr (janvier 2014), je mets en ligne régulièrement un billet de présentation des principaux rendez-vous astronomiques visibles à l’œil nu ou avec du petit matériel.
Je vous invite à mettre la nouvelle adresse d'Autour du Ciel dans vos favoris et à le consulter régulièrement.
Imprimez en grand format mes nouvelles cartes du ciel visible le soir et à l'orée de l'aube
 
OBSERVEZ LA LUMIÈRE ZODIACALE LE SOIR EN FÉVRIER

Le fuseau diffus de la lumière zodiacale et la Voie lactée dans le ciel du soir en février 2024 à l’observatoire astronomique des Pises (Réserve internationale de ciel étoilé du parc national des Cévennes) ; le point le plus éclatant est la planète Jupiter. Technique : boîtier Sony A7III défiltré avec un objectif Sony GM de 14 mm diaphragmé à 3,5 ; pose cumulée de 10 minutes (60 fois 10 secondes) à 8 000 ISO.
© Guillaume Cannat
En vous éloignant des villes, vous pouvez admirer le cône fantomatique de la lumière zodiacale le soir au-dessus de l’horizon ouest par une belle nuit sans lune.
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