La lettre du Guide du Ciel

N° 62 | 1 février 2012

De très nombreux passages de la Station spatiale internationale (ISS) sont observables en France métropolitaine en fin de nuit jusqu'au 4 février, puis la Station disparaît et revient dans le ciel du soir à partir du 12 février et elle multiplie les passages somptueux.
Ci-dessus, l'une des images les mieux résolues de notre planète vue de l'espace. Il s'agit d'un assemblage d'images obtenues avec un nouveau satellite météorologique américain, Suomi NPP.
Cliquez sur la vignette pour voir une image en 2000 x 2000 pixels ou cliquez ici pour la voir en 8000 x 8000 pixels (6 Mo).
Crédit image : NASA/NOAA/GSFC/Suomi NPP/VIIRS/Norman Kuring

De très nombreux passages de la Station spatiale internationale (ISS) sont observables en France métropolitaine en fin de nuit jusqu'au 4 février, puis la Station disparaît et revient dans le ciel du soir à partir du 12 février et elle multiplie les passages somptueux.

L'éclat de l'ISS est suffisamment puissant lors des meilleurs passages pour qu'elle soit visible dans un ciel bleu avant même le coucher du Soleil ou peu après son lever ; le site Heavens-Above annonce également ce genre de passages.

L'embryon de la future station spatiale chinoise, Tiangong 1, n'est pas visible en plein jour, mais vous pouvez la voir passer dans un ciel crépusculaire sans instrument. Elle survole la France en fin de nuit jusqu'à la mi-février, puis disparaît et revient le soir en fin de mois.

Pour savoir précisément où et quand observer les survols de l'ISS ou de la station chinoise, consultez le site Heavens-above. En vous inscrivant (c’est gratuit), vous pouvez mémoriser des points d'observation différents et obtenir rapidement des cartes et des horaires de passage très précis.

Le site d’Alphonse Pouplier donne aussi des horaires de passages de l'ISS et d'autres satellites :

Le site d'Alphonse Pouplier
Heavens-Above
Aide en ligne pour vous inscrire sur le site Heavens-Above

1^er février | Une marée d’étoiles scintillantes

Le mercredi 1^er février, éloignez-vous des villes et des villages et partez dans la nature sous l’éclairage vertical de la Lune gibbeuse.

Baigné par sa lueur bientôt éblouissante, le paysage le plus simple acquiert une présence irréelle alors que l’éclat lunaire remplace progressivement celui du jour. Avant même la fin du crépuscule, les étoiles les plus brillantes sont visibles à l’œil nu.

Au-dessus de l’horizon sud-est, les trois astres alignés qui marquent le centre de la constellation d’Orion sont faciles à repérer et ils vous donnent la direction des Pléiades, petit amas d’étoiles blotties ce soir contre notre satellite.

Dans une atmosphère transparente qui ne diffuse pas ou très peu la lumière, il suffit de cacher la gibbosité lunaire avec un doigt pour distinguer les Pléiades à l’œil nu ; elles sont à moins de trois degrés d’écart.

Si cela s’avère insuffisant, des jumelles permettent de détailler ce petit paquet scintillant. Vous pouvez alors utiliser le schéma voisin pour reconnaître et nommer les sept filles d’Atlas et de Pléioné.

9 février | Quand Vénus rencontre Uranus

La planète Uranus est théoriquement visible à l’œil nu. Il est cependant rare de pouvoir l’observer car, d’une part, les ciels urbains sont dégradés par la pollution lumineuse, qui efface les astres les moins brillants, et, d’autre part, il n’est pas toujours facile de repérer l’endroit du ciel où se situe Uranus.

Le jeudi 9 février, au soir, si vous vous éloignez des principales sources d’éclairage nocturne, vous aurez de bonnes chances de parvenir à voir Uranus en utilisant Vénus ; la deuxième planète du système solaire passe en effet à moins d’un demi-degré de la septième.

Choisissez un site bien dégagé vers l’ouest-sud-ouest en prenant garde qu’il n’y ait pas de halo lumineux formé par un village lointain dans cette direction. Un peu moins de deux heures après le coucher du Soleil, Vénus brille à une vingtaine de degrés de hauteur et Uranus se situe à moins d’un diamètre lunaire sur sa gauche.

Selon votre vue et la transparence de l’atmosphère, il vous faudra peut-être masquer l’éclat vénusien pour distinguer Uranus, qui est actuellement dix mille fois moins lumineuse !

10 février | Un phare rouge sur la Lune

Le vendredi 10 février, à l’orée de l’aube, une heure et demie avant l’apparition du disque solaire, cherchez un horizon sud-ouest ouvert sur le ciel pour admirer l’éclat martien.

La planète rouge est à moins d’un mois de son opposition et sa brillance croît jour après jour. Elle éclaire la fin de la nuit de ses reflets orangés et résiste sans peine aux assauts lumineux d’une imposante Lune gibbeuse décroissante.

Les deux astres sont distants d’une dizaine de degrés, il n’est donc pas envisageable de les observer conjointement dans des jumelles et l’observation à l’œil nu reste donc, une fois encore, la meilleure manière de profiter de ce spectacle céleste.

Il est possible de suivre la braise martienne jusqu’au jour en repérant bien sa position par rapport à la Lune. Une vingtaine de minutes avant l’arrivée du Soleil, Séléné semble posée sur l’arche anticrépusculaire, cette bande sombre qui apparaît à l’opposé du levant et qui n’est autre que l’ombre projetée de notre planète sur l’atmosphère.

12 et 13 février | Deux pépites et la Lune

Le dimanche 12 et le lundi 13 février, en fin de nuit, une heure et demie avant l’apparition du Soleil, le spectacle se concentre au-dessus de l’horizon sud-ouest.

La Lune gibbeuse décroissante s’aligne avec Spica de la Vierge et Saturne le dimanche matin, et elle fait un saut d’une quinzaine de degrés vers la gauche pour se retrouver sous Saturne le lundi.

Ces trois astres sont assez distants les uns des autres, mais leur éclat permet de les distinguer longtemps dans la lueur du jour naissant. Le trio se situe en outre à plus d’une main grande ouverte sur la gauche du phare martien.

23 février | Une gondole sur la lagune

Nous sommes au beau milieu de la meilleure période de l’année pour repérer Mercure dans le ciel du soir.

Le jeudi 23 février, moins d’une heure après le départ du Soleil, cette planète brille vivement au-dessus de l’horizon ouest. Vous devez trouver un site parfaitement dégagé, car elle se situe à moins de cinq degrés de hauteur.

Svelte comme une gondole voguant sur la lagune crépusculaire, la jeune Lune domine l’éclat mercurien d’une petite dizaine de degrés et elle est facile à voir à l’œil nu.

Jusqu’au 5 mars, une heure après la fin du jour, Mercure sera de plus en plus haute dans le ciel crépusculaire, mais son éclat va progressivement diminuer ; ensuite, elle retombera en direction du Soleil.

Du 24 au 27 février | Sur la route des planètes

Lorsque j’étudie la configuration future des astres, que je feuillette les éphémérides et que je reproduis l’aspect des ciels à venir sur mon écran d’ordinateur, certaines rencontres me font frissonner de plaisir par anticipation.

Je sais que, si les nuages ne les camouflent pas, ces scènes seront assurément splendides et j’imagine déjà comment et où je pourrai les admirer et les photographier.

Ainsi, du vendredi 24 au lundi 27 février, une bonne heure après la chute du disque solaire, je sais bien que Mercure, Uranus, Vénus, Jupiter et la Lune vont me faire courir.

Uranus ne sera pas visible à l’œil nu dans le ciel crépusculaire encore coloré, mais, un peu plus tard, lorsque Mercure se sera couchée à son tour et que la nuit aura pris possession de la voûte céleste, je vois déjà comment il sera possible de photographier cette merveilleuse dégringolade d’astres.

Et si la qualité du site et du ciel s’y prête, pourquoi ne pas inclure dans ce paysage les lueurs fantomatiques de la Voie lactée et de la lumière zodiacale ?

Je sais ! Vous allez penser que je suis monomaniaque avec la Pleine Lune… et vous n’aurez pas complètement tort !

J’ai toujours été fasciné par l’apparition du globe lunaire et je ne vais pas changer à mon âge comme on dit. Et puis, plus je fais d’images de levers et de couchers de la Pleine Lune, plus je me rends compte à quel point l’ambiance est différente à chaque fois et à quel point cela peut être délicat.

Depuis quelques mois, j’attends les conditions atmosphériques idéales pour que la Pleine Lune soit extrêmement déformée au ras de l’horizon. Cette fois-ci, je pensais enfin les avoir, d’autant plus que, le matin même, j’avais réalisé une belle série lors du coucher de la Lune pratiquement pleine (je vous la montrerai une autre fois sinon on va dire que j’abuse), mais, si la visibilité était excellente, la déformation de notre satellite n’a pas été aussi forte que je l’espérais.

Lorsque je parle d’une excellente visibilité ce n’est pas une galéjade, puisque la station méditerranéenne de La Grande-Motte se situait à vingt-deux kilomètres de moi ; ses principaux bâtiments étaient donc visibles à l’œil nu comme de très petits créneaux blancs posés sur la mer. Il fallait toute la puissance d’une lunette de 850 mm de focale pour comprimer l’espace, constater que la rotondité de notre planète me cachait la base des constructions et donner de l’ampleur à la face légèrement déformée de Séléné.

Le pire est que j’entends bien poursuivre ma série chaque fois que le beau temps le permettra un jour de Pleine Lune. Je vous promets que dans ma prochaine lettre mensuelle il y aura d’autres types de photos astronomiques... mais, il y aura peut-être aussi une ou deux images de la Pleine Lune !

La vue panoramique est un assemblage de douze images et je vous propose ensuite un zoom progressif vers la Lune. La dernière image est à 100 % et j’aime beaucoup les déformations qu’elle révèle, tant sur le limbe lunaire que sur la grande pyramide ; l’atmosphère ondulait lascivement et le bel ordonnancement des lignes horizontales semble ici bousculé par un tremblement d’air incoercible.

Cliquez sur les images pour les voir en grand.


© Guillaume Cannat


© Guillaume Cannat


© Guillaume Cannat

Au fil de ces lettres, vous avez pu découvrir la plupart des images que j’ai regroupées dans deux séries de cartes de correspondance. Ces deux séries, 24 cartes au total, sont disponibles depuis le 13 janvier sur le site amds édition et vous avez été nombreux à me demander de les présenter dans un format un peu plus grand. Voici donc un catalogue de ces 24 souvenirs du ciel.

Le Ciel à l'œil nu en 2012
17 x 24 cm
Prix public : 17,10 euros
en vente sur le site d'amds

La chronique Bleu nuit que j'enregistre avec Philippe Moity sur France Bleu Hérault est diffusée le samedi matin vers 10 h 40 m et le dimanche.

L'habillage sonore est joyeusement décalé – extraits de vieux films et de séries de science-fiction –, mais le contenu est sérieux (enfin, essaie de l'être !). Chaque semaine, je signale un ou deux phénomènes à observer dans les jours qui vont suivre et je réponds aux questions de base et d'actualité de Philippe Moity.

Si vous n'habitez pas à portée d'antenne de cette station, vous pouvez néanmoins écouter Bleu nuit durant les sept jours qui suivent sa diffusion en vous rendant sur le site de France Bleu Hérault dans le menu France Bleu à la demande ; d'après les statistiques de France Bleu, vous êtes plus de 2 000 à le faire chaque mois, un grand merci de votre intérêt fidèle :

http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-bleu/?tag=herault

Des infos sur...

Activité solaire et phénomènes atmosphériques et astronomiques
Spaceweather est LE site qu'il faut avoir dans son carnet d'adresse et auquel il faut rendre visite chaque jour pour voir les dernières images du ciel prises par des amateurs sur toute la planète et des infos chiffrées sur l'activité de notre étoile.
http://www.spaceweather.com/

Dernières comètes découvertes
Le site de l'Union astronomique internationale (UAI ou IAU) avec tous les éléments orbitaux et les éphémérides des comètes potentiellement observables.
http://minorplanetcenter.org/iau/Ephemerides/Comets/index.html

Dernières novae découvertes
Le site de l'Union astronomique internationale (UAI ou IAU) avec les éphémérides des dernières novae.
http://www.cbat.eps.harvard.edu/Headlines.html

Dernières supernovae découvertes
Le site de l'Union astronomique internationale (UAI ou IAU) avec les éphémérides des dernières supernovae.
http://www.cbat.eps.harvard.edu/Headlines.html

Éclipses de Lune et de Soleil
Les cartes et les horaires des prochaines éclipses observables dans le monde, avec des liens vers les sites de Fred Espenak (NASA) et de l'Imcce pour plus de détails.
http://www.leguideduciel.net/ephemerides/eclipses.php

Occultations d'étoiles par des astéroïde
Le site tenu à jour par Éric Frappa, vous dit tout ce qu'il faut savoir pour observer ces phénomènes.
http://www.euraster.net/